L’opinion publique persiste à voir dans l’agriculture un pollueur. Et pourtant, le stockage carbone est à portée d’exploitation. On vous explique tout !
Dans la lutte contre le changement climatique, la France s’est engagée en 2015 puis en 2019, sur une Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC). L’objectif ? Atteindre la neutralité carbone en 2050. Or, l’élevage émet 14,5% des gaz à effet de serre (GES), 9,3% si l’on parle uniquement d’élevage bovin. Il est urgent de s’engager dans la recherche de cet équilibre entre émission de GES et absorption du CO2.
Mais bonne nouvelle : la séquestration du carbone pourrait être plus accessible aux éleveurs qu’il n’y paraît !
Le stockage carbone : ça veut dire quoi exactement ?
Lorsque l’on parle de stockage carbone, le phénomène en jeu est celui de la photosynthèse. Sans rentrer dans le détail, ce dernier est la conséquence de l’utilisation de l’énergie solaire par des végétaux pour transformer le CO2 en matière organique. Le carbone est alors “emprisonné” dans la tige ou les racines de la plante, et non plus dans l’atmosphère. Ensuite, la matière organique se décomposant, une partie du CO2 est à nouveau rejetée dans l’air, le reste demeurant stocké dans le sol sous forme sédimentaire (calcaires, hydrocarbures, etc).
Toute forme de végétation est donc un potentiel puits de carbone : forêts, sols, océans (les mécanismes de photosynthèse s’y produisent aussi). De fait, les exploitations représentent un vrai levier d’action pour lutter contre le réchauffement climatique !
Le stockage carbone : comment s’y prend-on ?
Plusieurs techniques ont été répertoriées par des organismes comme l’INRAE pour permettre, à la fois, de diminuer les émissions de GES mais aussi d’augmenter le niveau de séquestration du carbone sur une exploitation.
On vous en donne quelques exemples :
- Afin de réduire l’émission de méthane (CH4) qui représente 41% des émissions du secteur, orienter le fonctionnement du rumen en modifiant l’alimentation des bovins est une solution : intégration des lipides insaturés à la place des glucides, modification des rations… ;
- Mettre en place des infrastructures agro-écologiques comme les haies ou l’agroforesterie : plus il existe d’organismes photoautotrophes sur l’exploitation plus les puits de carbone se multiplient ;
Ainsi, de nombreux acteurs s’engagent dans le “carbon farming”, c’est le cas de Klim, qui accompagne les agriculteurs et les consommateurs dans l’évolution de leurs pratiques.
Le stockage carbone : quel intérêt pour l’agriculteur ?
Au-delà de la conviction et de la satisfaction personnelles de s’engager dans une agriculture durable, le gain financier d’une telle démarche n’est pas négligeable.
D’une part, la réforme de la PAC (2023) prévoit d’instaurer un nouveau dispositif d’aide directe pour récompenser les pratiques de réduction des GES et de stockage carbone. Non seulement, ces allocations ne se limiteraient pas à une compensation des coûts ou des pertes de revenus dues à la mise en place de nouvelles pratiques, mais les exploitations n’ayant pas engagé de démarche sous Label Bas-Carbone pourraient se voir pénaliser.
D’autre part, rappelons que le protocole de Kyoto, signé en 2005, a créé les fameux crédits carbone attribués à chaque agriculteur en fonction des émissions de son exploitation (1 tonne de CO2 émise = 1 crédit carbone). Lorsque l’exploitant engage des actions pour réduire son empreinte carbone, il obtient un surplus de crédits carbone qu’il peut alors revendre. En revanche, si une entreprise augmente ses émissions de CO2, elle devra nécessairement acheter des crédits supplémentaires pour demeurer dans la légalité.
En ce sens, l’Association France Carbon Agri a développé une interface permettant la rencontre entre les porteurs de projet et les candidats à l’achat de crédits carbones. Cela a encouragé, par exemple, 391 éleveurs bovins à s’engager, sous Label Bas-Carbone, afin d’économiser collectivement 70 000 tonnes de carbone. En considérant qu’une tonne de carbone serait valorisée entre 30 et 50 euros, cela représenterait à terme un gain de 5 000 à 20 000 euros par exploitant.
Le stockage carbone représente une opportunité financière et écologique qui doit faire changer le regard de l’opinion publique sur l’agriculture qui n’est pas le vilain petit canard de la transition écologique.