Investir dans une vache ou un tracteur, pour soutenir l’agriculture de demain.
Propos recueillis auprès de Guillaume Delormel, fondateur de CowGestion
Introduction : Aujourd’hui, l’équipe de rédaction CowGestion laisse la place à son fondateur, Guillaume Delormel. Nous avons voulu comprendre comment notre solution de financement pour éleveurs bovins a été créée en 2019, et à quels besoins des agriculteurs français elle répond.
“L’agriculture n’est pas ou peu rentable. C’est un constat en France qui oblige les agriculteurs à souscrire à des crédits lourds dès leur installation. Après un an d’installation, la rentabilité n’est généralement pas suffisante pour que l’agriculteur puisse se verser un salaire.
A ceci s’ajoute la flambée des prix des matières premières et des machines agricoles : à titre d’exemple, un tracteur qui pouvait s’acheter à 20 000 euros il y a quelques années, s’achète maintenant à plus de 100 000 euros. Le prix des matières premières a augmenté, des machines agricoles, mais aussi du foncier, des terres agricoles, et des actifs à financer pour faire tourner la ferme normalement.
C’est pourquoi la solution CowGestion nous a semblé une évidence : faire du leasing de vache, pour que le capital initial soit moins cher à rembourser. C’est un système comparable aux locations de voitures avec rachat à la fin, ou de location d’appartement à Paris, où le loyer est moins élevé que l’achat en termes de mensualité.
En effet, le remboursement des mensualités à la banque tend à noyer l’agriculteur sous les dettes disproportionnées pour des périodes de 30 à 35 ans. Malgré les aides et les soutiens, il suffit d’une mauvaise année, un retour sur investissements plus mauvais que prévu, ou un événement obligeant à engager la trésorerie de l’exploitation, pour que l’agriculteur coule complètement sous les dettes.
Dans les autres pays européens, ont voit des modèles qui ont leurs vertus (et leurs faiblesses, bien sûr) : par exemple, en Hollande, des fonds d’investissements gouvernementaux achètent les fermes, et les agriculteurs n’ont qu’un loyer à payer, ce qui les dégagent du lourd endettement pour rester propriétaire ou reprendre une ferme, ce dont les exploitants français pâtissent.
Ceci étant dit, CowGestion semble une évidence 🙂
Pourquoi s’embêter à rembourser un prêt avec forts intérêts aux banques, plutôt qu’une location qui coûte moins cher qu’un emprunt ?
De plus, le système de subventions mis en place par la PAC (Polique Agricole Commune) européenne, permet et encourage ce type de système de financement, car il coûte moins cher en trésorerie. Chaque vache louée libère en moyenne 200 euros par mois, ce qui est un gain non négligeable pour un agriculteur.
Les agriculteurs, parlons-en !
Au-delà de la solution de financement alternatif apportée par CowGestion, c’est du lien social entre les agriculteurs et les consommateurs français qu’il s’agit. Non pas seulement en tant que consommateurs, mais aussi en tant qu’habitants des régions françaises. Les agriculteurs sont en effet isolés par plusieurs facteurs : les horaires de travail contraignants, les surfaces agricoles de plus en plus vastes, éloignant les exploitations les unes des autres, et le manque de dynamisme des espaces ruraux lié aux conséquences de l’exode rural.
Le problème de la reprise des exploitations
Comme on préserve les liquidités des éleveurs, on préserve le modèle agricole français. C’est des fermes de taille moyenne, entre 50 et 100 hectares. Aujourd’hui, il y a énormément d’agriculteurs qui arrêtent, qui partent en retraite et même s’il y a des repreneurs, il n’y a pas foule. En plus, le temps presse : un tiers des fermes seront à reprendre d’ici trois ans. Ceux-ci doivent aller à la banque et le montant des actifs pour reprendre une ferme aujourd’hui vaut tellement cher, 5 fois plus qu’il y a 30 ans; si le repreneur a un refus de la banque, le vendeur de la ferme va préférer vendre sa ferme à son voisin agriculteur, qui lui est déjà installé et a les moyens. De fait, la ferme se fait phagocyter par la ferme voisine, et la ferme devient deux fois plus grosse. Et c’est ce qui se passe de plus en plus : les fermes établies rachètent leurs voisins et se développent en taille.
Les entrepreneurs agricoles s’associent entre eux pour créer des modèles de ferme plus conséquente, parce qu’aujourd’hui ils n’arrivent plus à vivre. J’ai discuté un jour au salon de l’Agriculture avec un collaborateur de l’Institut d’Elevage (IDELE), qui me disait “mais moi, j’ai 8 frères et sœurs, quand j’étais petit on vivait tous sur la ferme. Mes deux parents travaillaient sur la ferme, elle faisait 13 hectares la ferme, on arrivait à en vivre. Aujourd’hui la même ferme s’est développée, elle fait 60 hectares, le chef d’exploitation – c’est un de ses frères qui a repris- il n’arrive plus à vivre tout seul. Donc sa femme est obligée d’aller travailler à l’extérieur, et oui il y a un problème”.
Refaire les bâtiments agricoles tous les 20 ou 30 ans
Dans les stations de ski de moyenne montagne, dans les villages, il y a encore plein de fermes d’époque, avec des vaches. Parce que ces gens-là ont le droit à des dérogations. Et donc dans le village à côté de notre station de ski, il y a plein de fermes, dont une qui date de 1786. Le même bâtiment s’est transmis de génération en génération, ils l’ont déjà payé depuis longtemps. Aujourd’hui dans l’agriculture moderne, les exploitants doivent refaire leurs bâtiments tous les 20 ou 30 ans, il faut refaire tout le bâtiment. Il faut les refinancer, c’est 400 000 euros à chaque fois.
Acheter un tracteur : entre 120 000 et 250 000 euros
“Le matériel aussi, le tracteur est entre 100 000 et 200 000 euros, et au bout de 5 ans il faut le changer. Le tracteur est bourré d’électronique : GPS, automatisation… sauf qu’il y a plein d’agriculteurs qui n’ont pas besoin de tout ça ! En fait, les exploitants auraient surtout besoin d’un tracteur un peu robuste, qui tienne la route.”
“Moi j’ai un client, il vient de s’acheter un tracteur, je l’ai repris en lui disant : si on te propose une solution de location c’est pour te libérer de l’argent pour te verser un meilleur salaire, pas pour t’acheter un tracteur à 120 000 euros où t’as de l’auto guidage, le truc il est autonome et il conduit tout seul, mais en fin de compte ça ne sert à rien !”
Besoin de formation efficace, en gestion d’entreprise
“C’est leur reconnaissance sociale dans les campagnes, d’un autre côté, aucune gestion de leur comptabilité. Oui, il y a un problème de formation. Les gars reprennent des exploitations, ce sont des chefs d’entreprises, on ne se rend pas bien compte du nombre de problématiques qu’il faut gérer sur une exploitation agricole, c’est une petite entreprise : il y a des salariés, de l’administratif, de la facturation, il faut s’occuper des cultures céréalières, faire des fourrages, s’occuper de tes bêtes etc. C’est un travail non stop, et qui demande en réalité d’être un vrai gestionnaire pour cela. Je trouve que les formations que ces exploitants suivent en début de carrière sont clairement insuffisantes pour tout gérer.”
Pour former les agriculteurs exploitants de demain, Hectar essaie de répondre à un besoin concret de formation de futurs agriculteurs de type citadins en reconversion ou même de venir former en supplément des porteurs de projets agricoles existants. La vocation principale du projet Hectar est de former des entrepreneurs agricoles et non pas des exploitants. Dans le développement des différentes formations à venir, le point sera mis entre autres sur la transition agroécologique (le carbone, les sols, les énergies propres, etc.)
L’agriculture française est l’une des plus propres au monde
“Le consommateur ne se rend pas compte que l’agriculture française est l’une des plus propres au monde. Quand ils vont chercher un poke bowl avec du poulet de Taiwan et des avocats du Pérou, ils ne s’aperçoivent pas de leur impact sur la planète. On pense faire attention à la planète et à son impact, mais il vaut mieux réduire sa consommation de viande et prendre de la viande de qualité qui a pâturé toute l’année. Les gens ne se rendent pas compte du rôle de l’élevage en France sur l’aménagement du territoire. “
“Dans certaines zones c’est le seul type de production possible, tu ne peux rien faire d’autre que de l’herbe, de la forêt, sur l’environnement, la biodiversité. Tu prends la diagonale du vide, il n’y a aucun potentiel agronomique. C’est du sable, tu ne peux rien faire d’autre. Tu prends les zones de haute montagne qui ne sont pas mécanisables, à part faire des vaches qui font du reblochon. On a un client en Ariège, il n’y a pas d’autre choix que l’élevage, vu le potentiel agronomique et le climat.”
Besoin de plus d’équilibre dans notre alimentation
“Mais de base aussi, je pense qu’il faut réduire notre consommation de viande en général, pour éviter l’excès sans polariser les débats. On peut avoir une consommation responsable et équilibrée. Du côté du bio, on n’a pas d’homogénéité du bio en Europe, certains produits bios de certains pays vont peut-être être moins propres que des légumes conventionnels de chez nous. Il y a un décalage dans le traitement des légumes bio espagnols ou marocains par exemple avec d’autres produits français.”
Qui finance Cowgestion ?
Ce sont les fonds ainsi que les particuliers qui placent leur argent. Nous collaborons avec un label de finance Finansol, afin que nos portefeuilles d’actions soient responsables et rentables à la fois. Ainsi nous finançons l’avenir de l’agriculture de manière participative et pragmatique.
La solution Cowgestion a plusieurs avantages :
- pour les épargnants, la diversification de leur patrimoine
- pour les agricultueurs, d’améliorer leur revenus
- cela permet également de financer une agriculture durable et respectueuse de l’environnement
- Pour les professionnels agricoles, d’augmenter leurs ventes en proposant une solution de financement.
Avec Cowgestion, soutenez l’agriculture de demain : plus éthique, plus respectueuse, plus raisonnée, plus propre. Aidez les agriculteurs à lever les fonds nécessaires à continuer leur activité. Investissez dans des projets concrets et aux conséquences directes sur la société et l’environnement.