L’image vétuste d’une agriculture polluante et recluse perdure alors qu’une révolution technologique est en marche. Nous avons analysé le phénomène et ses opportunités.
L’agribashing désigne la prise de parole répétée pour dénoncer une agriculture soi-disant nuisible. Pour une partie de l’opinion publique, l’agriculture et l’élevage intensifs seraient responsables d’une dégradation de la qualité des produits alimentaires et d’une pollution de l’air et des sols. En parallèle de ce mouvement très médiatisé, bon nombre d’agriculteurs s’engagent pour une agriculture durable et respectueuse de l’environnement et des bêtes. La transition dite “numérique” du secteur tente de soutenir cette mise en marche prometteuse. Pour Christian Huygue, Directeur scientifique adjoint de l’Inra, cette révolution s’appuie sur trois éléments, les capteurs, les données et la communication.
Les capteurs : l’oeil et l’oreille de l’agriculteur
Les capteurs sont ces petits boîtiers, renfermant une technologie de pointe, qui se substituent à votre regard partout sur votre exploitation. Leur impact sur votre gestion peut être colossal puisqu’ils représentent un gain de temps, plus besoin de traverser tous vos terrains pour récolter les informations, mais aussi des évaluations plus précises qui vous permettent d’optimiser vos coûts et donc de réaliser des économies. Fini le “à peu près” place à l’exactitude. Par exemple, l’entreprise française Agrilab.io propose des capteurs placés sur vos cuves pour surveiller leur niveau. Ils vous préviennent en cas de problèmes ou d’atteinte d’un volume critique. Vous pouvez ainsi optimiser vos tournées en connaissant l’exacte quantité restante de lait dans votre cuve.
Les données : l’aide à la prise de décisions
Les données sont l’ensemble des mesures que vous prenez tous les jours et qui vous permettent d’évaluer l’état de votre exploitation, la santé de vos bêtes et l’évolution de votre trésorerie, par exemple. Les fameux capteurs en récoltant ses données de façon automatique sont désormais liés à des logiciels de calculs qui vous permettent de prendre des décisions plus rapidement et avec davantage de précision. La start-up française Baoba, soutenue par la Chambre d’Agriculture IDF, a mis au point un outil de gestion qui vous permet de réunir toutes les informations sur une seule et même application. Une bonne gestion commence par une bonne organisation, n’est-ce pas ? Quoi de mieux qu’un calendrier partagé accessible par tous les acteurs qui gravitent autour de votre exploitation pour coordonner le travail de chacun.
La communication : l’optimisation d’un savoir-faire
La communication et la pénétration des réseaux à haut débit partout sur le territoire français sont une véritable opportunité pour les agriculteurs. En effet, d’après le Ministère de l’agriculture et de l’alimentation, 79% des agriculteurs utilisent Internet quotidiennement pour leurs activités. 46% équipent leur tracteur d’un navigateur GPS. Enfin près de 800 000 ha d’exploitations ont été intégrés au programme Farmstar pour être observés par satellite et participer à l’optimisation de l’usage d’engrais chimiques. La connexion est la clé pour avancer vers une agriculture de “précision”, autrement dit une pratique du moins et du mieux. Plus vous connaîtrez précisément l’état de santé de votre vache, par exemple, plus vous pourrez mesurer la quantité exacte de nourriture et de traitements médicaux dont vous aurez besoin, plus vous optimiserez vos achats.
Un autre pan de cette communication accrue est évidemment l’opportunité de faire connaître votre savoir-faire. C’est le défi que se sont lancé de jeunes agriculteurs comme Marc-Antoine Dumoulin sur Tik Tok ou encore Sophie Renaud sur Instagram. Tous les deux utilisent les réseaux sociaux pour raconter leur quotidien et montrer combien leur métier est moderne, passionnant et inspirant. De quoi attirer les agriculteurs de demain !
Quels enjeux se cachent derrière la numérisation de l’agriculture ?
Le premier enjeu défendu par le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation est celui de la transition écologique. La recherche scientifique et technologique a tout intérêt à investir le secteur agricole pour rendre plus durables les pratiques actuelles. C’est le cas d’une start-up comme Axioma qui fabrique des compléments alimentaires bio pour les élevages afin d’améliorer les fonctions vitales des animaux et assurer un meilleur rendement. On peut citer le produit le AXIOMA Part Lait Bovin, destiné à améliorer le vêlage et la santé des veaux. L’enjeu économique d’une agriculture de “précision”, comme expliqué précédemment, n’est évidemment pas négligeable.
Enfin, le secteur présente un risque de diminution des effectifs. Dans les trois prochaines années, on estime à 160 000 le nombre de fermes à reprendre. Cela implique non seulement de séduire mais aussi de former une nouvelle génération d’agriculteurs. Dans ce contexte, Audrey Bourolleau, ancienne conseillère d’Emmanuel Macron, et Xavier Niel, serial entrepreneur, ont créé une école pour les futurs agriculteurs en mettant les nouvelles technologies au cœur de l’enseignement. L’objectif est d’attirer une génération connectée et de les accompagner vers des pratiques responsables et économiquement viables.
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