Le chiffre d’affaire généré par les produits alimentaires biologiques représentaient 8 milliards d’euros en 2018 ce qui place la France en troisième place au niveau mondial. En 2019, la part des sols agricoles certifiés bio a atteint 8,5% et de plus en plus d’agriculteurs souhaitent franchir le pas. L’agriculture biologique, plus qu’un label gage de qualité, est devenu un argument marketing. Mais pour pouvoir bénéficier d’une de ces certifications une étape est à franchir – et pas des moindres : la conversion au bio.
Pourquoi passer en agriculture bio ?
Passer en agriculture bio est un objectif pour un certain nombre d’agriculteurs. Chacun d’entre eux va se lancer dans cette transition pour des raisons qui lui sont propres :
- Faire des économies à moyen long terme, notamment sur le pulvé.
- Préserver sa santé en se mettant à l’abri des produits chimiques et de synthèse.
- Participer à l’effort écologique collectif.
- Protéger la santé des autres.
- Favoriser le bien-être de ses bêtes.
- Profiter des aides pour la filière bio.
- Changer le regard des autres sur son métier…
Bref, les raisons peuvent être nombreuses et appartiennent à l’agriculteur qui décide de faire ce changement. En aucun cas, ce choix doit être dicté par une tierce personne puisqu’il s’agit d’un cheminement très personnel.
Qu’est ce que la certification bio
Ces certifications permettent d’attester du mode de production en agriculture biologique. Les critères varient en fonction des certifications et des pays mais on retrouve généralement :
- L’utilisation de produits apportés aux terres (intrants) d’origine naturelle.
- La non-utilisation d’OGM.
- La non-stérilisation par irradiation.
- Le passage par une période de conversion.
- Le respect du cahier des charges de chaque certification.
L’objectif est donc de garantir aux consommateurs finaux que le producteur a bien eu recours à des méthodes de productions excluant les produits de synthèse et dans le respect du bien-être animal. Les modes de production de l’agriculture biologique vont à l’encontre de ceux propres à l’agriculture intensive.
Quels sont les différentes certifications bio
Avant de se lancer dans sa transition à l’agriculture biologique, il faut bien avoir en tête qu’il existe plusieurs types de certifications, plus ou moins contraignantes.
En France, les labels qui font le plus autorités sont les certifications publiques : le Label AB et Eurofeuille (label bio de l’Union européenne).
Ces deux certifications identifient des produits 100% bio ou contenant au moins 95% de produits agricoles bio dans le cas de produits transformés. Le label bio européen s’est désormais substitué au label français (AB), et c’est le français qui a revu ses critères à la baisse pour s’aligner avec l’européen. Si on voit toujours le logo du label AB un peu partout, c’est parce qu’il est plus connu et plus reconnu par les consommateurs et donc toujours utilisés par les producteurs et distributeurs.
Mais il existe également des labels privés reconnus par Ecocert comme :
- Nature et Progrès : c’est une association engagée dans l’agriculture biologique qui propose une mention gage de qualité pour le consommateur tant au niveau de la production, du respect de l’environnement et de l’aspect social.
- Bio Cohérence : c’est une marque qui se veut complémentaire du label bio européen.
- Bio Sud Ouest : un label bio régional
- Bio Breizh : un label bio breton
- Bio loire Océan : un label bio régional
Qu’est-ce que la conversion au bio
Avant de se convertir au bio, il faut bien comprendre ce que cela signifie. La période de conversion au bio est celle durant laquelle les agriculteurs passent d’un mode de production conventionnel à un mode de production biologique.
C’est la période qui précède la certification et donc la possibilité de vendre ses produits sous l’appellation “bio”.
La période de conversion va permettre de nettoyer les sols des produits chimiques et de synthèses mais aussi les bêtes. Ces périodes varient en fonction de son type de production et peuvent aller de 2 à 5 ans. S’engager dans une conversion au bio n’est donc pas un processus rapide et peut parfois s’avérer être un véritable parcours du combattant. Il faut en amont bien construire son projet et se renseigner sur les démarches.
Les démarches pour la conversion au bio
Comme nous l’avons vu plus haut, la durée de conversion au bio va dépendre du type de production de l’agriculteur.
Types de production | Production | Durée de la conversion |
Végétales | Cultures annuelles et fourragères | 2 ans |
Végétales | Cultures pérennes (viticultures…) | 3 ans |
Animales | Bovins, équidés | 12 mois + les ¾ de leur vie en bio |
Animales | Lait | 6 mois |
Animales | Oeufs | 10 semaines |
Animales | Porcs | 6 mois |
Animales | Volailles | 10 semaines (si introduites avant 3 jours) |
Les agriculteurs ayant des productions animales seront donc confrontés à la transition de leurs cultures végétales ET de leur cheptel. Ils peuvent choisir d’effectuer les deux en même temps, on parlera alors de conversion simultanée ou d’une conversion classique à savoir commencer par les terres pendant deux ans puis les bêtes dans un second temps.
Dans le cas d’une conversion simultanée, l’agriculteur pourra espérer (dans le cas où il aura respecté minutieusement le cahier des charges) être certifié au bout de 24 mois.
Dans le cas d’une conversion classique, un producteur de bovin pourra être certifié au bout de 36 mois (toujours s’il respecte scrupuleusement le cahier des charges du label), un producteur de lait au bout de 30 mois.
Les réglementations à respecter pour sa conversion au bio, faisant office de cahier des charges sont :
- Le règlement CE 834/2007 du 20/6/2007 dont vous pouvez trouver le texte ici.
- Le règlement CE 889/2008 du 5/9/2009 dont vous pouvez trouver le texte ici.
Plus qu’un processus administratif, la conversion au bio doit découler d’un cheminement personnel. Avant d’entamer sa conversion voici les étapes qu’il est recommandé de suivre :
- Se renseigner sur l’agriculture biologique, creuser le sujet en profondeur afin d’avoir toutes les cartes en main.
- Visiter des exploitations bio et échanger avec les agriculteurs pour connaître leur ressentis qu’ils soient positifs et négatifs
- Se former au bio, il existe des formations en présentiel comme Formabio ou en ligne comme MOOC Bio pour mieux appréhender sa future exploitation et connaître les réglementations en vigueur.
- Diagnostiquer le coût de sa conversion, établir un business plan.
- Mettre en place les changements sur la ferme. La conversion au bio n’engage pas seulement le changement des intrants mais peut remettre en cause toute la chaîne de production d’une exploitation.
Une fois ces étapes réalisées, il est possible d’entamer sereinement le démarrage administratif de sa conversion.
La première démarche consiste à notifier l’agence bio, l’Agence Française pour le Développement et la Promotion de l’Agriculture Biologique, de sa volonté de conversion.
La seconde est de s’engager auprès de l’organisme certificateur de votre choix par la signature d’un contrat. C’est ce qui va déclencher officiellement le processus. Le producteur sera ensuite soumis à des visites de contrôle. Si celles-ci s’avèrent concluante, il se verra remettre une attestation d’engagement. Sinon, une nouvelle date de début de conversion est fixée.
Les aides pour la transition
Il faut également savoir que des aides spécifiques sont destinées aux producteurs bio et en conversion, notamment le CAB, l’aide à la Conversion à l’Agriculture Biologique et des aides régionales dépendant du Programmes de Développement Rural Régionaux (PDRR). Ces programmes régionaux permettent d’obtenir :
- Des aides à la certifications remboursant tout ou partie du coût de la certification
- Des aides aux investissement subventionnant les investissements réalisés dans le cadre de sa conversion
- Des aides à l’installation
Pour bénéficier du CAB lors de sa conversion, il faut absolument envoyer son dossier avant le 15 mai de l’année glissante de sa conversion.
Certaines banques proposent également des prêts pour agriculteurs en conversion bio. Renseignez-vous avec votre conseiller bancaire.
Vous avez désormais toutes les cartes en main pour réussir votre conversion au bio. Si vous êtes déjà passé par là, n’hésitez pas à nous faire part de votre expérience en commentaire. Si vous avez besoin de trésorerie pour financer votre conversion au bio, n’hésitez pas à nous contacter pour en discuter !